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Kervégan, quand il a entendu.
Est monté sur son cheval ;
Il est monté sur son cheval,
Et a pris congé de Des Tourelles.

Le manoir (le seigneur) de l’Eau disait
À Des Tourelles, en ce moment ;
— Descendez et entrez dans la maison,
Pour que nous déjeunions ensemble.

— Je ne descendrai ni entrerai dans aucune maison.
Jusqu’à ce que je sois arrivé à Lezormel ;
Jusqu’à ce que je sois arrivé à Lezormel, pour souper,
Dans la société de ma sœur ainée.

II

Des Tourelles est sorti (de la cour),
Et est arrivé à la Lieue-de-Grève[1].
La première rencontre qu’il a faite,
C’est Kervégan et ses gens.

Et Kervégan, sitôt qu’il le vit,
De cette façon lui parla :
— Je savais bien, depuis longtemps,
Que Des Tourelles était un traître !

— Jamais de ma vie je ne fis traîtrise,
Jamais je n’en ferai, m’est avis.
— Si tu n’es traître, comme tu le dis,
Tu viendras jouer un coup de fleuret.

— Pour ce soir coup de fleuret je ne jouerai,
Jusqu’à ce que j’aie été souper à Lezormel ;
Jusqu’à ce que j’aie été souper à Lezormel,
En la société de ma sœur aînée.

À peine avait-il fini de parler,
Que Kervégan est descendu de cheval ;
Kervégan est descendu de cheval,
Et ils ont commencé de jouer du fleuret.

Le premier coup qu’il a porté,
Son épée s’est brisée par la moitié…[2]
Des Tourelles ne savait pas
Qu’il était pris par derrière ;

  1. La Lieue-de-Grève, à Saint-Michel-en-Grève.
  2. Ces deux vers m’ont tout l’air d’une interpolation, et d’un emprunt fait au gwerz de Penanger et de De La Lande, qui suit. Il est peu probable que Kervégan portât en ce moment une cotte de maille, comme le fait supposer ce passage.