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La demoiselle disait
À sa petite servante, ce jour-là :
— Met la broche au feu,
Je vois mon frère qui vient souper ;

Je vois mon frère qui vient souper,
Et devant lui est Locrenan.
— Ne mettez pas la broche au feu,
Le seigneur ne viendra pas souper ;

N’ayez pas de joie de me voir (de ma part),
Car Des Tourelles est mort !
Le seigneur Des Tourelles est mort,
Il est dans la Lieue-de-grêve (couché) sur la bouche[1] !

La demoiselle, quand elle a entendu
Trois fois à terre est tombée ;
Trois fois à terre est tombée
Locrenan l’a relevée.

La dernière fois qu’il l’a relevée,
Elle a parlé et a dit
D’atteler les chevaux à la voiture,
Pour qu’elle allât le voir à la Lieue (de grève).

Dur eut été de cœur celui qui n’eût pleuré,
À la Lieue-de-grêve celui qui eût été,
En la voyant embrasser le corps mort,
Et l’arroser de ses larmes !

Puis elle est tombée sur lui,
Et son cœur s’est brisé !
………………………………………………

Les deux corps sont sur les tréteaux funèbres,
Que Dieu pardonne aux pauvres âmes !
Ils sont tous les deux dans le même tombeau,
Que Dieu soit avec leur âme[2].


Chanté au bourg de Ploëgat-Guerrand,
par un tailleur — mois de Mai 1863.
  1. Variante (1) :

    Le seigneur de Locrenan disait
    En arrivant à Lezormel :
    — Bonjour à vous, mademoiselle Des Tourelles,
    Je viens vous annoncer une bien mauvaise nouvelle ;

    Je viens vous annoncer une bien mauvaise nouvelle,
    Votre frère est dans la Lieue-de-Grêve la bouche contre terre !
    Il vous fait dire de ne pas pleurer,
    Car c’est par trahison qu’il a été tué !

    — Si mon frère Des Tourelles a été tué,
    C’est parce qu’il plaisait aux femmes.
    Si mon frère Des Tourelles a été tué,
    Le plus beau jeune homme du pays (est mort) !….
    …………………………………………………

  2. Cette dernière strophe est un lieu commun que les chanteurs ajoutent souvent arbitrairement, en pareil cas, — et il faut se garder de croire à la lettre au cœur qui se brise de douleur, jusqu’à en mourir.