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MARIE LE MASSON
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I

Marie le Masson de Paimpol, en Goëlo,
A perdu ses clefs ;
Elle a perdu ses clefs,
En revenant des ébats.

Le seigneur baron les a trouvées,
Et il dit, à présent, qu’il ne les rendra pas ;
Et il dit, à présent, qu’il ne les rendra pas,
À moins qu’elle ne lui prête sa virginité.

— Marie Le Masson, dites-moi,
Où est allée votre société !
— Je n’ai pas d’autre société
Que mes heures et mon chapelet ;

Que mes heures et mon chapelet,
Et je ne prêterai pas ma virginité ;
Et je ne prêterai pas ma virginité,
Ni à vous, ni à nul autre ;

Si ce n’est à quelqu’un du pays
Que je saurais être prêt à m’épouser ;
Que je saurais être prêt à m’épouser,
Et encore je ne sais pas si je le ferais.

Et il la prit par son petit doigt.
Et l’attira après lui dans un champ de genêt,
Et il lui jura, avec serment.
Qu’il serait le père de ses enfants….

À la distance de deux ou trois sillons de lui,
Il entendit Marie qui pleurait :
— Quand je suis venue ici, j’étais vierge,
À présent, hélas ! Je suis pécheresse !…

Le petit baron disait
À Marie Le Masson, là, en ce moment :
— Tenez, Marie, prenez cent écus,
Pour nourrir votre fils, quand il sera né :

Moi, je vais, à présent, à Morlaix,
Pour faire la cour à une héritière ;
Pour faire la cour à une héritière,
Et, si je le puis, elle sera baronne.