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II

Marie Le Masson au seuil de la porte de son père :
— Au nom de Dieu, logez-moi, mon père !
Logez-moi, au nom de Dieu,
Je suis en peine d’enfant !

Au nom de Dieu, logez-moi dans votre étable,
Dans votre écurie, ou dans l’étable aux vaches ;
Dans l’étable aux vaches, ou dans l’écurie,
Ou encore, au coin de votre foyer !…

— Retire-toi d’autour de ma maison,
Ou je détacherai mon chien !
Tu as perdu l’honneur de tes sœurs,
Et aussi celui de ton frère prêtre !

— Quand Marie Le Masson entendit cela,
Elle se rendit dans le grand bois de son père :
Elle y resta neuf mois entiers,
Sans avoir ni pain, ni soupe.[1]

Quand les neuf mois furent accomplis
Elle revint au seuil de son père :
— Ouvrez-moi votre porte, mon père,
Je suis en peine de fils ou de fille !

— Retire-toi d’autour de ma maison,
Ou je détacherai mon chien !
Tu as perdu l’honneur de tes sœurs,
Et aussi celui de ton frère prêtre !

Quand Marie Le Masson entendit (cela),
Elle se rendit à la genêtaie ;
Elle se rendit à la genêtaie,
Et donna le jour à un petit fils.

Quand l’enfant fut venu au monde,
Elle se mit à pleurer :
Puis elle prit le lacet de sa tête (de ses cheveux),
Et le pendit à un arbre d’épine blanche !


Chanté par Marie-Joseph Kerival,
Plouaret — 1848.


  1. Variante :
    — Elle avait un jeune frère clerc,
    Qui dérobait pour elle des morceaux de pain.