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IV

  Anne Jacob disait,
En arrivant dans la ville de Rennes :

  — Bonjour et joie à tous dans cette ville,
Où est la prison ici ?

  — Anne Jacob, excusez-moi,
C’est à la porte même que vous le demandez.

  Anne Jacob disait
À François Le Calvez, en le voyant :

  — Je vous avais souvent conseillé
De laisser la fraude, et vous ne vouliez pas le faire ;

  Le fraudeur de tabac, et de vin
A d’ordinaire, mauvaise fin.

  — J’ai dans mon armoire dix-huit mille écus,
Et sans la fraude je ne les aurais pas ;

  Et bien que je sois un fraudeur,
Je vaux bien la fille d’un tanneur.

  — Je suis toujours la fille d’un tanneur,
Et je vais à la maison, et toi, tu n’iras pas ;

  Je vais à la maison, et toi, tu n’iras pas,
Et si tu l’avais voulu, tu y serais venu…

V

  Et François Le Calvez disait,
Quand il montait sur l’échafaud :

  — Seigneur Dieu, qu’ai-je fait ?
J’ai désobligé Anne Jacob !

  Je la vois qui descend la rue.
Portant une robe de satin noir ;

  Si j’avais voulu ne point la désobliger.
Je n’aurais pas été condamné à mort !…

VI

  Anne Jacob disait,
En arrivant à la maison :

  — François Le Calvez s’est pris lui-même.
Parce qu’il m’a désobligée ;