Anne Jacob disait,
En arrivant dans la ville de Rennes :
— Bonjour et joie à tous dans cette ville,
Où est la prison ici ?
— Anne Jacob, excusez-moi,
C’est à la porte même que vous le demandez.
Anne Jacob disait
À François Le Calvez, en le voyant :
— Je vous avais souvent conseillé
De laisser la fraude, et vous ne vouliez pas le faire ;
Le fraudeur de tabac, et de vin
A d’ordinaire, mauvaise fin.
— J’ai dans mon armoire dix-huit mille écus,
Et sans la fraude je ne les aurais pas ;
Et bien que je sois un fraudeur,
Je vaux bien la fille d’un tanneur.
— Je suis toujours la fille d’un tanneur,
Et je vais à la maison, et toi, tu n’iras pas ;
Je vais à la maison, et toi, tu n’iras pas,
Et si tu l’avais voulu, tu y serais venu…
Et François Le Calvez disait,
Quand il montait sur l’échafaud :
— Seigneur Dieu, qu’ai-je fait ?
J’ai désobligé Anne Jacob !
Je la vois qui descend la rue.
Portant une robe de satin noir ;
Si j’avais voulu ne point la désobliger.
Je n’aurais pas été condamné à mort !…
Anne Jacob disait,
En arrivant à la maison :
— François Le Calvez s’est pris lui-même.
Parce qu’il m’a désobligée ;