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Dans son — Pèlerinage de Bretagne, — page 28 et suivantes, — M. Hippolyte Violeau donne un autre dénoûment à ce gwerz. Voici, du reste, sa version, dont il ne produit pas le texte breton. Il dit l’avoir entendu chanter à un charbonnier de la forêt de Quénécan, natif de la commune de Séglien, où se trouvent les ruines du château de Coat-an-fao.

— Mon frère Rogard, allons tous deux à la soirée de Coat-an-fao.

— Non, mon frère Marc, restons à la maison, car un gros temps s’annonce.

— Notre chef nous accorde un grand congé, il faut en profiter et nous amuser, ce soir.

— Nous ne porterons atteinte à la vie de personne, à moins d’être toisés et regardés de travers.

Au moment où ils se disposaient à partir, les cloches sonnaient d’elles-mêmes.

Les éclairs, le tonnerre, le vent, une tempête dans toute sa furie.

Quand ils arrivèrent à Coat-an-fao, toutes les portes étaient closes.

Tous les habitants sommeillaient, quand ils ont frappé à la porte de Téliaw Troadec.

— Compère, ouvrez-nous, ouvrez-nous la porte, un chien ne tiendrait pas dehors.

— Je n’ouvrirai pas ma porte, j’ai entendu parler de vous. Vous êtes de terribles brigands, vous avez ravagé ce pays.

— Si tu n’ouvres ta porte, nous l’enfoncerons ; il nous faut du feu pour nous chauffer.

Ils ont enfoncé la porte, ils ont tué le vieux Troadec et l’aîné de ses fils.

Le plus jeune a couru avertir les archers, qui, depuis longtemps, cherchaient les fils Euret.

Dix-huit archers sont arrivés pour prendre les fils Euret.

Quand Marc Euret les entendit, il s’élança de la maison.

— Si vous cherchez les fils Euret, ils sont tout près, les voici.

Le jeu de fleuret a duré trois heures et demie, et dix-sept archers ils ont tués.

Ils ont épargné seulement un vieil archer, pour qu’il racontât leurs exploits.

— Nous te laissons la vie, à toi ; va chercher un nouveau renfort.

Le vieil archer gémissait, en entrant dans la ville.