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III

  Isabelle Le Cham disait,
Un jour, à sa sœur Marie :

  — Venez avec moi dans les chambres,
Pour choisir les plus beaux habits,

  Et une douzaine de mouchoirs
Pour lui, pour sécher ses larmes ;

  Pour lui, pour sécher ses yeux,
Car il pleurera, je le sais bien.

IV

  Le clerc de Krec’h-Menou disait,
En arrivant à la maison :

  — Bonjour et joie à tous dans cette maison.
Qu’y a-t-il de nouveau ici ?

  Qu’y a-t-il de nouveau dans cette maison,
Que vos coiffes sont dans cet état ?[1]

  Ce n’est pas à défaut d’épingles
Que vos coiffes sont en deuil ;

  Quand je fus à la foire de Tréguier,
Je vous en apportai trois milliers.

  — Je ne puis vous le nier, mon frère,
Isabelle Le Cham est morte !

  Quand le clerc de Krec’h-Menou entendit (cela),
Il tomba trois fois évanoui à terre ;

  La dernière fois qu’il se releva.
Il courut au cimetière ;

  Il courut au cimetière,
Pour déterrer sa femme.

  Quand il l’eût déterrée et retirée de son cercueil,
Il la posa sur ses genoux ;

  Il la posa sur ses genoux,
Et lui donna deux baisers.


  1. Dans les campagnes de l’arrondissent de Lannion, les femmes en deuil laissent tomber sur leurs épaules les deux ailes de leurs coiffes blanches. — Dans certaines localités du Finistère les coiffes de deuil sont en toile jaune.