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  Celle-là lui disait toujours :
— Consolez-vous, Anne, ne pleurez pas ;
Consolez-vous, Anne, ne pleurez pas,
Car ceci ne sera pas publié !

II

  Pour midi, le lendemain,
Anne Lucas, eut du nouveau :
Dix-huit archers étaient venus de Rennes,
Pour emmener Anne en prison.

  Les dix-huit archers demandaient
Aux dix-huit cadets, ce jour-là :
— Bonjour et joie à tous, dans cette maison,
Anne Lucas où est-elle ?

  — Elle est dans la salle, à empeser,
Seigneurs que lui voulez-vous ?
— Nous sommes venus dix-huit en une bande,
Pour emmener Anne Lucas au couvent.

  Les dix-huit cadets, répondirent
Aux dix-huit archers, quand ils entendirent :
— Ce n’est pas par de pareilles gens
Que sont conduites les jeunes filles pour devenir nonnes.

  — Nous sommes venus dix-huit en une bande,
Pour emmener Anne Lucas en prison.
— Quel crime a-t-elle donc commis,
Pour que les archers viennent la chercher ?

  — Elle a transplanté dans son jardin
Un arbrisseau, une herbe fine ;
Mais la plante n’a pas fait bonne fin,
Ses racines commencent de se gâter.

  Les dix-huit archers demandaient
À Anne Lucas, ce jour-là :
— Anne Lucas, voulez-vous marcher,
Ou être traînée à la queue d’un cheval ?

  Les dix-huit cadets répondirent
Aux dix-huit archers, quand ils entendirent :
— Anne Lucas, ne marchera pas,
Et elle ne sera pas traînée à la queue d’un cheval ;

  Notre frère Le Glazon, a assez de chevaux
Pour porter Anne en prison.