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ANNE LE GARDIEN
Première version
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I

  Écoutez tous, écoutez
Un gwerz nouvellement composé ;
Un gwerz nouvellement composé
Au sujet du vieux Le Gardien et de ses filles.

  Le vieux Le Gardien disait,
En coupant du pain à ses enfants :
— Mes filles, si vous m’obéissez,
Vous n’irez pas à l’aire-neuve,

  Car là sera le seigneur de Mezobran,[1]
Et Mezomeur et Mezomorvan,
Et aussi le seigneur de Runangoff,
Le plus grand coureur de filles du pays.

  — S’en fâche qui voudra,
Pour moi, j’irai à l’aire-neuve.
Et s’il y a des sonneurs, je danserai,
Et s’il n’y en a pas, je chanterai !

II

  Le seigneur de Mezomeur demandait
À son petit page, ce jour-là :
— Mon petit page, dites-moi
Qui sont ces jolies filles qui viennent d’arriver ?

  — Ce sont les filles de Le Gardien,
Qui ont approché aujourd’hui de la table de Dieu.
— Si elles avaient approché de la table de Dieu,
Elles n’auraient pas dû venir à l’aire-Neuve ;


  1. Le manoir de Mezobran est en la commune de Minihi-Tréguier, celui de Mézomeur, en Penvénan, et celui de Runangoff, en Pédernec.