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  Ma haquenée est à la porte de la cour,
Isabelle Le Jean, qui vous attend ;

  Bien ferrée de laiton blanc,
Et une bride d’argent à sa tête ;

  Et une bride d’argent à sa tête ;
Les pommeaux sont d’or jaune.

  — Si elle a une bride d’argent en tête,
Avec des pommeaux d’or jaune ;

  Avec des pommeaux d’or jaune,
Je voudrais qu’elle eût le feu dans la tête !

  Et pourtant c’est péché à moi,
Car la pauvre bête n’est pas cause.

  Isabelle le Jean disait,
En sortant de la cour de son père :

  — Adieu, ma mère, adieu, mon père,
Jamais ne vous reverront mes yeux !

  Je dis adieu à tous ceux de mon pays,
Sauf à celui-là, sauf à mon frère Louis, le voleur ;

  Sauf à celui-là, mon frère Louis, le voleur,
Qui m’a vendue au Juif !

IV

  Isabelle le Jean demandait
Au grand Juif, un jour : —

  — Juif, Juif, dites-moi.
N’est-ce pas celui-ci le pont dont j’ai entendu dire ;

  N’est-ce pas celui-ci le pont dont j’ai entendu dire
Que les bêtes s’agenouillent dessus ?

  Elle n’avait pas achevé ces mots,
Que sous elle son cheval s’est agenouillé.

V

  Isabelle le Jean disait
Au grand Juif, un jour :

  — J’entends le coq de mon père chanter !
— Vous ne l’entendez pas, Isabelle, dit-il ;