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JEANNE DERRIEN
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I

Le vieux Derrien disait
À sa fille Jeanne, un jour :
— Ma fille Jeanne, si vous m’aimez,
À l’aire-neuve, vous n’irez pas.

— S’en fâche qui voudra,
À l’aire-neuve j’irai ;
S’il y a des sonneurs (ménétriers), je danserai,
Avec mon bel ami Yves Guillou.


II

Jeanne Derrien disait
À Yves Guillou, dans l’aire-neuve :
— Si vous me défendez bien aujourd’hui,
Je vous épouserai dans la suite.

Le seigneur du Réchou disait,
En arrivant à l’aire-neuve ;
— Bonjour à tous dans cette aire-neuve,
Jeanne Derrien où est-elle ?

— Elle est là-bas, au coin des danses,
Avec son bel ami Yves Guillou.
Quand le seigneur du Rechou entendit (cela),
Il se rendit près des danses.

Le seigneur du Réchou disait
À Yves Guillou, en ce moment :
— Retire-toi de là, fripon,
Celle-là n’est pas ton affaire !

— S’il est vrai que j’ai friponné,
Je n’ai jamais léché vos plats ;
Si j’avais un bout de gourdin,
Je vous ferais, vite, déguerpir !

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Cruel eût été le cœur de celui qui n’eût pleuré,
S’il eût été à l’aire-neuve,
En voyant l’aire rougir
Par le sang des gentilshommes qui coulait ;