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  Vous ne l’entendez pas, Isabelle, dit-il,
Car vous êtes à cinq cents lieues de lui.

VI

  Le grand Juif disait
À sa mère, en arrivant à la maison :

  — Voici une bru (que je vous amène) ;
Quelle jolie jeune fille est celle-ci !

  — Elle n’est pas venue de son bon gré,
Elle a des larmes dans les yeux.

  Le grand Juif disait
À Isabelle le Jean, un jour :

  — Venez avec moi, Isabelle, au cellier,
Pour goûter du vin aussi doux que le miel :

  — J’aimerais mieux, dans la maison de mon père,
Boire de l’eau de la fontaine du pré.

  — Venez avec moi, Isabelle, dans mes chambres,
Pour compter de l’or à la douzaine ;

  Venez avec moi, Isabelle, à la chambre blanche,
Pour compter de l’or et de l’argent blanc.

  — J’aimerais mieux être dans la maison de mon père,
À compter des œufs pour les porter au marché.

  Le grand Juif disait
À sa petite mère, un jour :

  — Je ne sais que faire d’elle.
Elle me donne beaucoup d’inquiétude ;

  Quelque demande que je lui fasse,
Toujours elle ne fait que pleurer.

  — Si tu ne sais que faire d’elle,
Prends un couteau et tue-la.

  — Il y a trois chevaux dans l’écurie,
Deux sont à vous, un est à moi ;

  Deux sont à vous, un est à moi,
Car quant à elle, je ne la tuerai point[1].

  1. Invitation à sa mère à partir.