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  Ils avaient croix et bannière,
Et tous les habitants de Lannion les suivaient,
Et on chanta un Te Deum,
Et on rendit grâces à Dieu.[1]


Chanté par Louis Le Braz,Tisserand, au bourg du Prat — 1873.





  1. Le mot « Linerie, » dont il est question dans ce « gwerz », et dans quelques autres, celui de « Anne Lucas » par exemple, demande une explication.

      On appelait « linerie, » bien que le mot ne soit pas français, le travail qui consistait à arracher le lin de la terre, quand il était mûr, et à la préparer pour le rouissage. Ce jour-là, c’était ce qu’on nommait « un dewes braz » — une grande journée, dans nos fermes bretonnes, et l’on appelait à l’aide les parents, les amis et les voisins, à charge de réciprocité. Les « lineries », comme les aires-neuves, étaient de véritables fêtes agricoles, où le plaisir alternait avec le travail, et l’animait Et en effet, on y luttait et dansait un peu, après le repas, et, à la fin de la journée, aux sons du biniou, ou aux chants alternés des hommes et des femmes. La ménagère aussi ajoutait à son ordinaire quelqu’extra, toujours bien accueilli, comme du beurre roussi sur la bouillie d’avoine ou de sarrasin, à midi, des œufs sur les crêpes, au repas de trois heures ou goûter, et du cidre et quelquefois un petit verre d’eau de vie, après le repas du soir. Puis on s’en retournait chacun chez soi, par groupes, ou isolément, en chantant des Gwerziou et des Soniou sur les chemins et les sentiers étroits, à travers les champs, les bois et les landes.