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  Quand arrive le maure à l’entrée de la lice,
Comptant bien gagner le prix,

  Il jette ses vêtements à terre,
Et Lizandré jette les siens pardessus ;

  Puis, quand il en vient à dégainer,
Il lui jetait de l’eau bénite.

  Quand le maure nageait dans l’air,
Il mettait son épée pour le recevoir.

  Le maure du roi est tué,
Et la manœuvre de Lizandré en est cause.

  Quand le roi vit cela,
Il parla au vainqueur en ces termes :

  — Hâte-toi fort, dit-il, Lizandré,
De retirer ton épée de mon maure sauvage.

  — Je ne daignerais pas porter une épée
Qui a été dans le (corps du) maure du roi ….

  Je me suis trouvé en bien des batailles,
Et j’ai vaincu plus de dix mille (hommes),

  Jamais je n’ai eu autant de mal
Qu’à jouter contre le maure.

  Dame Sainte Anne, ma mère chérie,
Vous faites des miracles en ma faveur.

  Je vous élèverai un oratoire
Sur une hauteur, entre le Léguer et le Guindi.[1]


Communiqué par M. Anatole De Barthélémy.






  1. Le Guindi est une petite rivière qui se jette dans le Jaudy, à Tréguier. C’est à tort que M. De La Villemmarqué a dit :

    « Etre bek Leger hag Indy. »

    Je ne connais en Bretagne aucun autre cours d’eau du nom de « Indy. »

    Le héros de cette ballade ne peut être que Jean de Lannion, châtelain des Aubrays, en Machecoul, seigneur de Lizandré, en Plouha, et de la Noë-Verte (en breton Goas-Glaz) en Lanloup, arrondissement de Saint-Brieuc, du chef de sa mère, Julienne Pinart, dame de Lizandré et de la Noë-Verte. Coatarsant, (que les chanteurs ont altéré en Coat-ar-Skinn), nom de son premier adversaire, est aussi celui d’un manoir en Lanmodez, paroisse voisine de Plouha et de Lanloup. Ce manoir appartenait alors à Claude Le Saint, sieur de Coatarsant et petit fils de Catherine Pinart.

    Note extraite d’une lettre, du 10 février 1866, de M. Pol De Couroy à M. Anatole de Barthélémy.