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  — Tenez, page, mon petit page,
Prenez la bague de mon petit doigt
Et portez-la à l’héritière, à Goadélan,
Pour qu’elle se souvienne de La Fontenelle !

IV.

  Le petit page disait,
En arrivant à Coadélan :
— Bonjour et joie dans cette maison,
L’héritière où est-elle ?

  — Elle est dans sa chambre qui dort,
Prenez garde de la réveiller ;
Il y a trois nuits qu’elle n’a dormi goutte,
Avec l’inquiétude au sujet de son mari !

  L’héritière, quand elle a entendu,
Est descendue par l’escalier tournant :
— Attelez les chevaux à la voiture,
Pour que j’aille à Paris cette nuit !

V.

  La Fontenelle disait,
Un jour, du haut de l’échafaud :
— Je vois venir l’héritière
Entre deux marquises :

  Entre deux marquises,
Elle ne sait pas qu’elle est veuve !
Elle porte une robe à fleurs empesée,
Elle ne sait pas qu’elle est veuve !

  Si elle savait ce que je sais,
C’est une robe noire qu’elle porterait.
Sur ses genoux elle tient une écuelle d’argent
Pour demander l’argent de son paiement.[1]

  L’héritière demandait,
En arrivant au palais du roi :
— Bonjour, roi et reine,
Je vous salue tous les deux ensemble ;

  Bonjour et joie dans cette cour,
Mon mari bien-aimé où est-il ?
— Il est là-bas, étendu sur le dos,
Et la tête séparée de son corps ?


  1. Je ne sais de quel paiement il peut être question ici.