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MARGUERITE CHARLÈS
Première version.
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I

Quand Marguerite va chercher de l’eau,
Le grand forban va la secourir :
— Donnez-moi votre pot, et je le porterai,
De crainte de salir vos coiffes.

— Ne craignez pas pour mes coiffes,
Car j’en ai dix-huit douzaines ;
Dix-huit douzaines, en toile de Hollande,
Et autant en batiste.

— Marguerite Charlès, dites-moi,
Me donnerez-vous votre cœur ?
— Je ne vous donnerai pas mon cœur,
Car je ne suis pas mauvaise femme :

Bien que j’aie commis des meurtres,
Je ne suis pas pécheresse de mon corps.
Si je vais avec vous sous le bois,
Il faudra que j’aie un bon gage :

Boire chaque jour une pinte de sang,
De sang d’homme, sachez-le bien ;
Un sifflet d’argent doré,
Afin de siffler (d’appeler) mes amis !

II

C’est celle-là la Charlès,
Qui siffle à tue-téte ;
Et ce n’est pas un bon signe
Que d’entendre siffler la Charlès.

La Charlès ne savait pas
Que c’était son père qu’elle avait tué,
Jusqu’à ce qu’elle aperçut son bonnet
Sur la tête d’un des forbans….
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