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III

  Le Seigneur de Keranglas disait[1]
À son petit page, un jour :
- Passons en silence par ici,
De peur que la Charlès nous entende ;

  Car si la Charlès nous entend,
Nous sommes morts à l’instant.
Il n’avait pas fini de parler,
Que la Charlès survint.

  — Seigneur de Keranglas, dites-moi
Où vous allez, ou vous avez été ;
Où vous allez, ou avez été,
Où avez-vous l’espoir d’aller ?

  — « J’ai été chercher un compère (parrain),
Vous serez la commère (marraine) si vous le voulez ;
Vous serez la commère, si vous le voulez,
Ma femme est nouvellement accouchée.

  Quand la Charlès entendit (cela),
Elle mit son pied sur le sien ;
Elle mit son pied sur celui du Seigneur,
Et monta sur sa haquenée.

  Le petit page disait
Au Seigneur de Keranglas, alors :
— Quand vous descendrez de votre haquenée,
Forcez la Charlès à descendre aussi ;

  Je l’ai vue, avec une aiguille,
Qui cousait vos habits aux siens.
La Charlès souhaitait le bonjour,
En arrivant à Keranglas :

  — Bonjour et joie à tous dans cette maison,
Donnez-moi un escabeau, pour m’asseoir,
Serviette, pour essuyer la sueur,
Si je dois être commère dans cette maison.

  Une petite servante qui était dans la maison,
Et qui était un peu trop hardie :
— Commère dans cette maison vous ne serez,
Ni vous, ni aucune paysanne.


  1. Le château en ruines de Keranglas se trouve dans la commune de Ploumilliau, auprès de Lannion.