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  Quand la Charlès entendit (cela),
Elle descendit l’escalier tournant,
Mais elle a été arrêtée aussitôt,
Un archer mit la main sur elle.

  — « Si j’avais su, Keranglas,
Quand j’étais là-bas, sur le grand chemin,
Quand j’étais là-bas, sur le grand chemin,
Vous n’auriez pas fait un pas devant moi !

  Le Seigneur de Keranglas disait
À la Charlès, là, en ce moment :
— Enlevez-lui son coutelas,
Qui est sous son cotillon ;

  Et aussi son sifflet d’argent doré
Qu’elle a dans son giron ;
Qu’elle a dans son giron,
Pour siffler ses amis.

IV

  La Charlès disait,
En montant le dernier degré de l’échelle :
— Bien que j’aie commis des meurtres,
Je ne suis pas pécheresse de mon corps ;

  Je n’ai mis au monde qu’un seul (enfant),
Et je le cachai au milieu du feu.
Entre Morlaix, et la Lieue-de-Grève,
J’ai tué trois femmes enceintes ;

  Ce qui excita le plus ma compassion,
C’est une d’elles qui n’avait que quinze ans,
En l’entendant demander pour son innocent,
Son pauvre petit enfant, le baptême !

  Pour son pauvre petit enfant, le baptême,
Et pour elle-même le sacrement (l’extrême-onction !)
Entre Morlaix et là Lieue-de-Grêve
Est un petit bois rempli de ronces ;

  Il y a là autant de cadavres
Qu’il y en a dans l’ossuaire de cette ville ;
Qu’il y en a dans l’ossuaire de cette ville :
Il est assez temps d’en finir avec moi !


Chanté par Marie Clec'h,
Bûcheronne de la forêt de Beffou, — 1863.