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MARGUERITE CHARLÈS
Seconde version.
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I

  — Si vous venez avec nous sous le bois,
Il vous faudra boire une pinte de sang,
Afin que vous ayez le courage
De tuer les gens sur le grand chemin. »

  Quand le roi d’Espagne entendit,
Il leva une armée nouvelle ;
Il envoya cinq cents hommes en une troupe
Dans l’intention de sarcler (de purger) Coadandrézen ;

  Mais ils n’osèrent pas entrer dans le bois,
En entendant Marguerite siffler.
Comme ils allaient par le grand chemin,
Ils rencontrèrent le seigneur de Keranglas.

  — Bonjour à vous, seigneur de Keranglas.
— Et à vous, leur dit-il, grande compagnie ;
Où allez-vous, ou avez été,
Ou avez l’intention d’aller ?

  — Nous avons été cinq cents en une troupe,
Dans l’intention de sarcler Coadandrézen,
Mais nous n’avons pas osé entrer dans le bois,
En entendant la Charlès siffler.

  — Retournez à la maison et dites au roi,
Qu’elle sera chez moi demain à midi,
Ou je perdrai tout mon bien, sec et vert,
Et la maison noble de Keranglas.

II

  Le seigneur de Keranglas disait
À sa Dame, en arrivant à la maison
— Allez, Madame, dans votre lit,
Comme si vous étiez en mal d’enfant.