Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/104

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— Dieu, comme ça sent mauvais ici !

— Ce n’est pas étonnant, mon fils, répondit la vieille. Le corps de mon pauvre homme est là, dans son cercueil, depuis trois semaines, et c’est lui qui pue de la sorte !

— Comment ! vous conservez un corps mort dans votre maison, pendant trois semaines ! Pourquoi donc ne le faites-vous pas enterrer ?

— Hélas ! mon fils, vous en parlez bien à votre aise : je n’ai pas d’argent, et les prêtres, ici, ne font rien que pour de l’argent.

— Moi, j’ai encore un peu d’argent, et demain matin, j’irai trouver le curé, et votre homme sera enterré.

— Que Dieu répande sur vous ses bénédictions, mon fils ! répondit la vieille, en pleurant de joie.

Pierre pria pour le mort, puis il s’étendit sur la pierre du foyer et dormit aussi bien que s’il eût été dans un lit de plume.

Le lendemain matin, de bonne heure, il se rendit chez le curé du bourg le plus voisin, et lui donna tout l’argent qui lui restait, pour enterrer le mari de son hôtesse et dire une messe pour le repos de son âme. La pauvre veuve l’embrassa comme son fils, lui souhaita bonne chance, et il se remit en route, après avoir assisté à la messe et à l’enterrement.

Il arriva sans tarder à un bras de mer, et le