Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/171

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— C’est vrai, je me le rappelle, répondit le larron.

— Je suis cet enfant. Ma mère vous a promis que son fils vous paierait un jour la dette de reconnaissance qu’elle avait contractée envers vous, et je vous annonce que vous serez avec moi, ce soir, dans le royaume de mon père...

Ils moururent, et leurs âmes montèrent ensemble au ciel, et l’on dit même que c’est le seul larron qui alla jamais au paradis, car l’autre n’y alla pas.

(Conté par Marie Tual, dans l’île d’Ouessant, mars 1873.)


Une autre version dit que ce fut le fils du brigand qui avait donné l’hospitalité à Joseph et à Marie avec leur enfant qui, ayant suivi le métier de son père, fut crucifié avec Jésus.

Cette légende se retrouve, à peu près telle qu’ici, dans les Méditations ou plutôt les visions de la sœur Emmerich, religieuse du couvent d’Agnetenberg, à Dulmen. Cette visionnaire célèbre était née dans un pays slave, et j’ai eu souvent occasion de constater de nombreuses ressemblances entre les contes populaires des Slaves et ceux des Bretons armoricains. Ma conteuse, Marie Tual, avait plus de soixante ans, quand elle me conta cette légende, qu’elle tenait de sa mère, laquelle l’avait apprise, dans son enfance, d’une autre personne de l’île. Ce n’est donc pas par le livre de la sœur Emmerich, qui sans doute n’est jamais venu à Ouessant, que ce récit aura été connu dans l’île. La sœur Emmerich est morte en 1824. La vie de la sainte Vierge, d’après les méditations d’Anne-Catherine Emmerich, religieuse augustine du couvent d’Agnetenberg, à Dulmen. morte en 1824, a été rédigée par Clément Brentano. L’édition la plus récente, je crois, en a été publiée en 1864, chez Ambroise Bray, à Paris.