Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/199

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et celui-ci s’enfonça encore en terre, jusqu’aux aisselles, cette fois. À un troisième essai, il disparut jusqu’aux yeux. Voyant l’inutilité de ses efforts, il se mit à pousser des cris affreux pour appeler des camarades à son secours. Toute une armée de diables hideux accourut aussitôt. Bref, il finit par se trouver en plein enfer, et là, il ne manqua pas de se conduire exactement comme lui avait recommandé le vieil ermite, sans perdre courage ni faillir un seul instant, et il s’en retourna emportant le contrat de mariage de sa mère et l’autre écrit dont j’ai parlé plus haut.


Quand il arriva à la hutte du vieil ermite, celui-ci était toujours assis sur son galet brûlant, priant à haute voix et invoquant la clémence divine. Mais il était à présent si maigre, si décharné, qu’il ressemblait à un squelette ou à l’Ankou[1] en personne. Quand le vieillard aperçut l’enfant, il en éprouva une grande joie et lui parla de la sorte :

— Eh bien ! mon enfant, as-tu réussi dans ton voyage ?

— Oui, mon père ermite, grâce à vous.

  1. C’est le nom que nos paysans bretons donnent à la Mort personnifiée. Ce mot semble signifier l’oubli et venir du verbe breton ankouâd oublier.