Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/218

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— Je demanderai à mon bon ange, dit l’ermite, ce que vous devez faire. Si votre ancien seigneur est dans le paradis ou même dans le purgatoire, tout peut s’arranger, et il vous sera possible d’obtenir encore votre quittance ; mais, s’il est dans l’enfer, hélas ! il n’y a plus d’espoir, et tout est perdu. Passez la nuit avec moi, dans mon ermitage ; je partagerai avec vous de bon cœur le peu que j’ai, et demain matin, au lever du soleil, je recevrai comme d’habitude la visite de mon bon ange, et je l’interrogerai sur votre affaire.

Le fermier passa la nuit avec l’ermite, partagea son frugal repas, qui se composait de légumes et de quelques fruits sauvages, avec de l’eau, puis il se coucha sur un lit de mousse et d’herbes sèches. Le vieillard, lui, se coucha sur la terre nue, avec une pierre sous la tête, et murmura des prières durant toute la nuit. Le lendemain matin, au point du jour, Fanch le vit encore agenouillé au seuil de son ermitage, tourné vers le levant, et les yeux et les mains levés vers le soleil. Puis il vit encore un bel ange radieux qui descendit auprès du vieillard, s’entretint avec lui quelque temps à voix basse et reprit ensuite son vol vers le ciel. L’ermite resta encore quelque temps en prière, les yeux et les mains levés vers le ciel, immobile comme une statue de pierre, puis il vint vers son hôte.