Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/249

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— On m’a chargé de lui apporter une lettre au paradis.

— Donnez-moi votre lettre, et je la lui remettrai.

— Excusez-moi, mais je voudrais la lui remettre moi-même.

— Ici, mon enfant, il n’entre pas de personnes en vie.

Et le portier du paradis se disposait à lui fermer sa porte au nez, quand le bon Dieu, qui était venu rendre visite à son vieil ami saint Pierre et causer avec lui dans sa loge, dit :

— Laisse entrer cet enfant, Pierre ; je sais qui me l’envoie.

Et le jeune pâtre entra, et il remit la lettre au bon Dieu, en propres mains.

Celui-ci l’ouvrit, fit semblant de la lire, quoiqu’il sût bien ce qu’elle contenait, puis il dit :

— C’est bien, mon enfant ; vous avez eu beaucoup de mal à venir jusqu’ici, n’est-ce pas ?

— Oh ! oui, j’ai eu du mal !

— Venez, que je vous fasse voir ma maison.

Et le bon Dieu lui fit voir de belles salles et de beaux jardins remplis de belles fleurs parfumées et d’oiseaux aux chants harmonieux, et d’anges blancs qui chantaient aussi en s’accompagnant sur des harpes d’or ; il lui fit voir encore les vieux saints et les saintes de son pays de Basse-Bre-