Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/274

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mettes le pied sur le sol de ta paroisse ; alors, tu sentiras le feu dans ta chair ; mais souffre encore un peu avec résignation et courage. Garde-toi aussi de rougir de tes vêtements ou de ton corps, en quelque état que tu te trouves, à ton arrivée dans ton pays. Et maintenant, au revoir, dans le paradis de Dieu.

Joll se remit en route pour son pays. En mettant le pied sur le sol de sa paroisse, comme le lui avait prédit l’ermite, il souffrit dans tout son corps, comme si le feu consumait sa chair. Quand il arriva au bourg, c’était un dimanche, et la procession faisait le tour du cimetière. Il y prend place et ne reconnaît personne. Mais les fidèles s’effraient à son aspect et s’éloignent de lui. Il s’étonne et se regarde. Il aperçoit alors qu’il est tout nu, couvert de sang et de blessures, et réduit presque à l’état de squelette. Il entre dans l’église. Le recteur l’y suit. Joll lui donne la lettre qu’il apporte du paradis. Il la lit, puis s’écrie :

— Oh ! que vous êtes heureux, et que je voudrais être à votre place !

Il lui donne cent écus. Joll fait avertir tous les pauvres de la paroisse qu’il veut leur distribuer des aumônes. Ils s’assemblent autour de lui, dans le cimetière, et il leur distribue tout son argent. Au moment de donner la dernière pièce, il la montre au peuple et dit :