Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/303

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

écorchés, et il m’est impossible de marcher ; il faut me porter, ou me laisser ici.

Alors le diable alla chercher d’autres diables pour l’aider. Il revint avec une troupe de démons. Un d’eux prit le marquis sur son dos en disant :

— N’est-ce que cela ?

Mais il le rejeta aussitôt en criant :

— Aïe ! aïe !

Il en fut de même d’un troisième, puis d’un quatrième. Aucun ne pouvait le supporter sur son dos. C’était la sainte hostie, cousue sous la peau de la poitrine du marquis, qui les brûlait, bien plus que le feu de l’enfer[1]. Alors ils le roulèrent, à coups de pieds, jusqu’à la porte de l’enfer, et l’y précipitèrent, la tête la première. On entendit aussitôt dans tout l’enfer des cris épouvantables ; tous les diables s’éloignaient du marquis, en criant :

— Faites sortir cette peste ! relancez-le sur la terre ! qu’il ne reste pas ici un instant de plus !

Mais nul ne s’approchait de lui ni n’osait le toucher pour le faire sortir. Et lui ne semblait souffrir en aucune façon, pour être au milieu des flammes.

  1. Le même épisode se retrouve dans le Filleul de la sainte Vierge du volume de contes bretons que j’ai publié, en 1870, chez Clairet, imprimeur à Quimperlé.