Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/305

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— Vraiment ! Et penses-tu que je serai bien là ?

— Oh ! je vous en prie, renoncez à la vie que vous menez ; détournez-vous vers Dieu, et faites pénitence !

— Oui, il en serait grand temps, n’est-ce pas ?

Et le grand brigand devint triste et soucieux. Il retint le marquis à souper, passa la nuit à s’entretenir avec lui, et, le lendemain matin, il rassembla tous ses gens et leur parla ainsi :

— Camarades, voici assez longtemps, je pense, que nous menons une vie détestable et qui doit nous conduire tout droit en enfer ; pour moi, je veux en finir avec cette vie et faire pénitence, avant de mourir. Ceux d’entre vous qui voudraient m’imiter peuvent rester avec moi ; quant aux autres, je les invite à s’éloigner sur le champ, car je ne les reconnais plus.

Les brigands, étonnés d’une conversion si subite, s’éloignèrent tous en plaisantant et en maudissant leur chef ; le marquis de Tromelin, seul, resta auprès de lui. Le brigand lui dit alors :

— Allez chercher du gros sable pierreux, dans le ruisseau voisin, et répandez-le autour de cette grande table.

Le marquis apporta du gros sable et le répandit autour de la table. Alors le brigand fit cent fois, sans s’arrêter, le tour de cette table, sur ses