Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/314

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— Il faut, à présent, mon enfant, dit un jour l’archevêque, que vous commenciez d’apprendre vos prières.

— Il y a longtemps déjà que je sais mes prières, aussi bien que vous, et je les dis chaque matin et chaque soir.

— Ce n’est pas possible, à votre âge ! Et qui donc vous les aurait apprises ? votre nourrice ?

— Non, ce n’est pas ma nourrice ; je les ai apprises de moi-même.

— Cela ne peut pas être, mon enfant.

— C’est pourtant la vérité ; c’est aussi vrai que, depuis que vous êtes archevêque, vous n’avez pas dit une seule bonne messe.

— Dieu ! que dites-vous là ?

— Je dis encore la vérité, car, depuis que vous êtes devenu archevêque, vous en avez conçu tant d’orgueil et de vanité, que c’est à peine si vous regardez la terre comme digne de vous porter.

— Ce que vous dites là, mon enfant, n’est pas loin de la vérité, malheureusement. Mais quel enfant extraordinaire êtes-vous donc ? Il faut que ce soit Dieu lui-même qui parle par votre bouche.

Innocent resta chez le vieil archevêque, où il était l’objet de l’étonnement et de l’admiration de tout le monde, par sa sagesse, sa piété et sa science, quoiqu’il n’eût jamais été à l’école.