Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/316

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nouvelle nourrice, car il vomit du feu, comme un véritable démon, et tout est aride et brûlé autour de lui.

— Peu m’importe ! je veux le voir, sans autre délai. Je désire même que vous m’accompagniez ; ne craignez rien, car je vous assure qu’il sera bien piteux et bien tranquille quand il me verra venir.

Le roi et la reine se décidèrent, quoique avec peine et comme poussés par un sentiment mystérieux, à accompagner Innocent dans sa visite. Quand ils entrèrent dans la lande, ils furent bien surpris de voir que l’habitant de la petite maison ne mettait pas la tête à la fenêtre et ne lançait pas de feu, selon son habitude. Ils arrivèrent jusqu’à la porte de son habitation, sans avoir rien vu ni entendu qui fût de nature à leur inspirer quelque crainte.

— Entrez devant, dit le roi à Innocent.

— Non, vous êtes son père, et c’est à vous qu’il convient d’entrer le premier, car s’il obéit à quelqu’un, ce doit être à vous.

— Je n’ose pas, j’ai peur…

— Entrez, vous dis-je, et ne craignez rien ; je réponds qu’il ne vous arrivera pas de mal.

Et le roi entra devant en tremblant, et Innocent et la reine le suivirent. Ils aperçurent l’hôte de la petite maison accroupi au coin du foyer, tout