Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/323

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— Malheureux ! que dites-vous-là ? s’exclama le vieillard.

— Je vous le disais bien, lui dit le jeune moine, que vous aviez grand tort de faire ainsi société avec le premier venu ; nous serons heureux, s’il ne nous fait pas pendre, avant d’arriver à Rome !

-— Il n’est pas possible, reprit le vieux moine, que vous ayez fait ce que vous venez de dire.

— Rien n’est pourtant plus vrai, et je ne m’en repens même pas.

— Et pourquoi donc ?

— Depuis que ces gens-là ont un enfant, ils ne prient plus Dieu, qui le leur a envoyé ; ils ne pensent même plus à lui, et leur enfant est à présent leur Dieu, et ils auraient été damnés à cause de lui. C’est pourquoi, en le leur enlevant, j’ai cru bien faire, parce qu’il reviendront à Dieu et pourront encore se sauver.

Le vieillard hocha la tête et ne dit rien ; le jeune moine, au contraire, continua de maugréer, et de ne pas vouloir marcher à côté de cet aventurier, de ce criminel. Vers le soir, ils rencontrèrent un autre château. Ils étaient fatigués. Ils y entrèrent et demandèrent l’hospitalité. Ils furent bien reçus, selon l’habitude, et mangèrent à la table du seigneur. Après le souper, le vieux moine, qui était très-fatigué, dit :