Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/333

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vieux moine, qui avez toujours été bon et bienveillant pour moi, et qui vouliez me nommer votre premier cardinal, si Dieu vous avait désigné, vous serez vous-même mon premier cardinal. Et vous, dit-il en se tournant vers le jeune moine, acceptez les fonctions que vous-même vous vouliez me donner, celles de chien de Dieu (suisse) de ma cathédrale !

Le bruit se répandit vite, dans le monde entier, qu’il y avait un pape Innocent à Rome.


Cependant le roi et la reine de France étaient bien malheureux. Ils étaient convaincus que le vieux charbonnier avait exécuté ponctuellement l’ordre de la reine et que leur fils n’existait plus. Le remords les tourmentait, et ils ne trouvaient nulle part un prêtre qui consentît à les absoudre d’un tel crime. Ils s’étaient adressés partout, et toujours en vain. Quand ils apprirent qu’il y avait un nouveau pape à Rome, un pape Innocent, ils se dirent :

— Il faut que nous allions jusqu’à Rome ; peut-être ce nouveau pape aura-t-il pitié de nous et nous absoudra.

Ils se rendirent donc à Rome, et, en y arrivant, ils allèrent tout droit au palais du pape.

— Le pape est-il à la maison ? demandèrent-ils en entrant.