Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/379

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pieds, parfaitement guéri, et notre homme recevait les deux cents écus et un autre certificat pareil au premier.

Sa réputation était déjà faite ; on l’appelait de tous les côtés, en ville comme à la campagne, et, en peu de temps, il devint riche.

Un jour, ayant appris que le roi de France était malade, il prit la route de Paris pour aller le visiter. Comme il traversait une forêt, il rencontra son compère l’Ankou.

— Ah ! te voilà ! lui dit celui-ci, en l’abordant ; je suis bien aise de te rencontrer, car j’ai des reproches à te faire.

— Comment cela donc, compère ? Pour moi, je n’ai qu’à vous remercier, et je compte toujours suivre vos conseils, car ils sont excellents et ont fait de moi le premier médecin du monde.

— Oui, mais tu triches, en me mettant toujours au pied du lit ; cela n’avait pas été convenu entre nous.

— Comment, je triche ? Est-ce donc un mal si grand, compère, que de sauver la vie à mes semblables, puisque vous m’avez appris à le faire ?

— Certainement que c’est un mal, car depuis que je t’ai livré mon secret, il ne m’arrive plus presque personne de ton pays : les riches surtout me font tout à fait défaut, et tu me fais un tort considérable. Cesse donc de te jouer de