Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/64

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— C’est moi ! c’est moi ! s’écria aussitôt Porpant.

— Comment, Porpant, vous m’aviez assuré que vous ne l’aviez pas mangé et que l’agneau n’avait pas de cœur !

— Si ! si ! je l’ai mangé ; c’est bien moi.

— Alors, prenez deux parts.

Et Porpant prit deux parts et les mit dans sa poche. Puis les trois étrangers se remirent en route.

Porpant avait observé, avec beaucoup d’attention, comment notre Sauveur s’y était pris pour rendre la vue à la dame aveugle, et il se disait :

— N’est-ce que cela ? ce n’est pas difficile. Je suis sûr, à présent, de gagner beaucoup d’argent, et cela sans mal. Je vais me mettre à voyager pour rendre la vue aux riches marchands, aux nobles, aux princes et aux rois qui en sont privés, et en peu de temps je deviendrai très-riche.

Et il se rendit tout droit à Paris. Dès le lendemain de son arrivée, il fit publier par toute la ville qu’un médecin étranger venait d’arriver qui rendait la vue à tous ceux qui en étaient privés, que ce fût de naissance ou par accident, et cela sans leur causer la moindre douleur.

Il se trouvait que la fille unique du roi avait les yeux malades depuis quelque temps, et elle était menacée de perdre la vue complètement.