Page:Luzel - Soniou Breiz Izel vol 1 1890.djvu/211

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La rouge est une fille belle et jolie,
Qui m’a ravi avec ses regards charmants.
Quand tout ce qu’il y a de gens au monde m’eût affirmé
Qu’elle était coquette, je n’aurais pu le croire.

Mais à présent, je crois, parce que j’en ai fait la claire expérience ;
Adieu, mon amour ! adieu, mon espérance !

J’ai une fauvette, dont on a rogné les deux ailes,
Qui vient chaque nuit, chaque nuit, sur le coin de mon manteau[1] ;
Et il n’y a heure de la nuit que je ne l’entende chanter.
Le petit cœur de ma maîtresse est semblable à cette fauvette

L’autre jour, à dix heures de nuit, comme j’étais dans mon lit,
Ayant déjà dormi un somme, j’eus un rêve ;
Ayant déjà dormi un somme, j’eus un rêve,
(Je rêvai) que ma plus aimée était à mon côté.

Hélas ! quand je m’éveillai, voyant qu’elle n’y était pas,
Je me mis à pleurer comme un agneau égaré ;
Je me mis à pleurer comme un petit agneau
Qu’on a lâché parmi l’ajonc (et qui a été) abandonné par sa mère.

Je vais encore une fois jusque chez ma maîtresse :
Quand même je perdrais ma peine, je l’ai fait bien souvent ;
Quand même je perdrais ma peine, bien souvent je l’ai fait.
Tout le monde me dit que je perds mon temps.

— Selon que vous me direz, j’irai étudier,
Et onques jamais à la maison je ne retournerai ;
Selon que vous me direz, j’irai à l’étude,
Et onques jamais à la maison je ne reviendrai.

— Allez donc, mon serviteur, allez encore à l’étude,
Une petite année ou deux, ou à tout le moins trois,
Jusqu’à ce que j’aie achevé mes vingt-cinq ans ;
Alors, je vous épouserai, sans la permission de mes parents.


Keranborgne. — 1847.
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  1. Manteau de ma cheminée ?