Page:Luzel - Soniou Breiz Izel vol 2 1890.djvu/113

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   Ma langue, je la lègue à Jeannette Le Bon,
Pour qu’elle ait du cœur à vous chanter ma chanson.

   Ma grande corne, je la lègue au petit boiteux Le Quéré,
Afin qu’il ait une sébile pour boire de l’hydromel ;

   L’autre, à Gabriel Lapous, qui a une femme aimante,
Laquelle sait accueillir tout le monde, et ne fait refus à personne.

   Mon poil, je le lègue au grand François Le Gall,
Pour en faire une perruque, afin que sa tête ne soit plus à nu.

   Ma tête, je la lègue au recteur de Ploumilliau,
Pour en faire une boule à jouer aux quilles ;

   Ma ruse, je la lègue à Isidore Le Guyon,
Pour sauter par-dessus les murs, en allant trouver
__________________________________ la nièce du recteur.

   Mes boyaux, je les lègue aux filles de Trézéni,
Pour en faire des cordes à mettre à leurs rouets ;

   Mon cœur, je le lègue au vicaire du Minihi,
Afin qu’il ait un cœur tendre, (lui qui) maintenant en a un dur.

   Mes deux jambes, je les lègue à Yves Gouriou,
Pour en faire des bâtons à mettre à ses claies.

   Ma peau, je la lègue à Annette Tili,
Pour en faire un manteau, elle qui n’en a jamais eu ;

   Ma queue, je la lègue à Groutic, le buveur de vin,
Qui a usé la sienne avec Françoise Attrape-son-genou.

   Mon cul, je le lègue à Margot du Bout-du-Pont,
Qui a éreinté le sien avec monsieur le vicomte.


Prat — 1868.
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