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LE MEUNIER ET SA SERVANTE
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   Approchez-vous pour entendre et vous entendrez chanter
Une chansonnette divertissante, qui a été levée cette année-ci ;

   Faite à un jeune meunier qui voulait
Coucher avec sa servante, — voyez un peu cela !

   Le meunier disait, un jour fut, à sa servante :
— Si tu veux venir, au moulin, coucher une nuit,

   Je te donnerai, en argent blanc, quatorze pistoles,
Et, si tu n’es pas satisfaite (ainsi), un habit violet.

   Margot disait à sa maîtresse, ce jour-là :
— A moi il a été promis cent écus de votre revenu ;

   Cent écus de votre revenu m’ont été promis,
Il ne tient qu’à vous de les gagner, — c’est à vous qu’ils sont dus.

   — Comment donc, dit la femme, pourrai-je faire cela ?
Robert, à mes paroles, reconnaîtrait ma voix.

   — Les conditions d’un marché entre nous ont été passées,
C’est lui qui vous parlera, vous n’aurez mot à dire.

   Robert disait à (celle qu’il croyait) sa servante, cette nuit-là :
— De votre beauté, petite Margot, j’ai grande joie ;

   De votre beauté, petite Margot, j’ai grande joie,
Et, quand le feu prendrait au moulin, je n’en ferais point cas !

   Tant de satisfaction me donne votre beauté,
Que je voudrais demain enterrer ma femme !...

   Robert disait à son domestique, cette nuit-là :
— Mon petit domestique, dit-il, lève-toi de là ;

   Lève-toi de là et viens ici, bien vite,
Retrouver ma servante, — moi, je l’ai bien payée.

   Le domestique disait à (celle qu’il croyait la servante,
_______________________________________ cette nuit-là).
— De votre beauté, petite Margot, j’ai grande joie ;
 
   De votre beauté, petite Margot, j’ai grande joie,
Et, quand le feu prendrait au moulin, je n’en ferais point cas !