Page:Luzel - Soniou Breiz Izel vol 2 1890.djvu/259

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   Cependant, les filles dans mon cœur je les aime,
Plus que n’importe quelle chose au monde.

   J’ai une maîtresse qui est agréable :
Comme deux boules (à jouer) aux quilles sont ses yeux ;

   Sa lèvre (est) surprenante, sa bouche est un four,
Et, sur ma foi, son nez est aussi gros que mon poing.

   Ses jambes sont tordues, ses pieds sont cagneux,
Son buste est épais et court, sa figure gravée.

   Celle-là est une fille gentille selon mon sentiment,
Car celle-là est commode, si elle n’est pas jolie,

   Et, pour tout cela, je l’aime par-dessus toute chose ;
Quand je la vois, j’ai grande liesse.

   Et j’irai maintenant la saluer,
Je verrai alors comment elle se comportera envers moi.

   Je ne puis qu’avoir l’esprit ravi (de ma personne),
Car je suis un gars de bonne mine, quand je suis habillé ;

   Bien que je ne sois qu’un pâtre de moutons,
Je ne dois foutre rien à personne au monde.

   Qu’on dise ce qu’on voudra, quand je me suis attifé,
Je ne suis pas un pauvre hère !... Oui, il faut que j’y aille !...

   Annette Le Loarer, la gardeuse de vaches,
C’est celle-là qui me plaît et qu’il faut que j’aie.

   Cependant il y a une servante en cette maison
Qui me plaît aussi, quand je la considère.

   La jolie jeune fille ! Savoir d’où elle est ?
J’aimerais assez à être dans ses (bonnes) grâces...

   Mais je vois venir Anne. Maintenant nous allons causer,
Et je verrai si mes paroles lui plaisent.

   — Bonjour à vous, ma maîtresse, oh ! oui, de bon cœur,
Vous êtes, au monde, le plaisir de mes yeux.

   — Oh ! oui, la Fée aux orties par tous je suis nommée,
La plus jolie femme qu’il y ait au monde;

   Je suis à coup sûr (fille) de qualité :
Ma mère était bâtarde, et moi, je le suis aussi !...


La chanson du gardeur de pourceaux, dans Sainte-Triphine,
Mystère breton.
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