Page:Luzel - Soniou Breiz Izel vol 2 1890.djvu/33

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   — Jeune fille, dites-moi.
Si vous seriez contente de vous marier ?
— Sauf votre grâce, dit-elle, je ne le suis pas ;
Je suis servante chez un prêtre.

   Je lui avais donné à croire
Que j’étais capitaine, à bord des navires ;
Que j’étais capitaine, à bord des navires,
Moi qui jamais n’en avais vu un.

   Le temps de se confesser est arrivé,
Trouver le recteur je suis allé.
— Monsieur le recteur, dites-moi
S’il est bon d’aimer les filles ?

   — Il est pas mal bon d’aimer[1] les filles,
Pourvu qu’elles ne soient pas mineures.
Moi, j’en ai élevé une toute petiote,
J’ai bien peur qu’elle ne soit attrapée.

   J’ai bien peur qu’elle ne soit attrapée,
Dans le piège de quelque Normand,
Ou dans la chaîne de l’amour,
Faute de lui donner liberté...

   — Oh ! quelle fortune j’ai faite !
En ayant une fille de cinq mille écus !
En ayant une fille de cinq mille écus,
Moi qui n’avais pas cinq sous.


Chanté par Nathalie Goasenzout, à Pleudaniel,
le 20 septembre 1888.
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  1. Var. :
    de débaucher.