Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/117

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comme il en sait tant, et pas trop long pourtant, car l’heure avance.

— Voulez-vous que je vous conte, dit Gorvel, le conte du Pêcheur qui avait vendu son âme au diable ? Vous y verrez des aventures bien extraordinaires et bien merveilleuses.

— Oui, c’est un joli conte, que j’ai déjà entendu, dit Francès.

Et Gorvel donna un rude assaut à l’écuellée de cidre à laquelle avait droit le conteur, puis, il commença ainsi :

III

LE PÊCHEUR
QUI VENDIT SON ÂME AU DIABLE


Il y avait autrefois, au Dourduff, près de Morlaix, un pêcheur nommé Kaour Gorvan, qui avait une femme et trois enfants en bas âge. Ses enfants se nommaient l’aîné, Robart, le second, Fanch, et le troisième, le plus jeune, Mabik, ainsi appelé parce que c’était l’enfant chéri de son père.

Ils vivaient assez misérablement, car, soit maladresse ou mauvaise chance, ou toute autre cause, le pauvre homme rentrait souvent sans avoir rien pris, ou si peu que c’était à peine assez pour nourrir sa famille, et très