Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/153

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étonnée de voir dans le jardin un spectre horrible.

Au milieu d’un grand feu cruel, elle vit distinctement une pauvre fille : son visage était plein de serpents, et ses yeux, de salamandres.

Bien que toute troublée, à cette vue, voici ce qu’elle dit : — « Au nom de Dieu, je t’en conjure, dis-moi ce que tu es ? »

L’autre répondit tristement, en répandant des larmes d’angoisse : — « Je suis Katel, ta camarade, condamnée aux flammes impitoyables !

« Voici ma main, cause de mon malheur, voici ma langue, cause de mon malheur ! Ma main a commis le péché, et ma langue l’a nié.

« Par Marie Madeleine j’ai été avertie douze fois qu’il fallait faire une confession sincère et complète, et que je serais pardonnée.

« Un more (un nègre) noir et gris, à longue queue, horrible avec ses pieds à longues grilles, en me menaçant de me casser la tête, m’a contrainte de tenir ma bouche close.

« Ma malédiction sur les mauvaises compagnies, sur les sorciers et les soirées ; ma malédiction sur les bals et les danses, qui m’ont fait tomber dans le péché !

« Qu’aucun chrétien ne prie pour moi, car je suis tombée au fond de l’enfer ! Hélas ! Satan m’a réservée pour brûler dans ses feux.

« Écoutez, chrétiens, et écoutez bien : ayez le courage de confesser tous vos péchés, car si