Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/159

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dans les humbles chaumières de petits fermiers et d’artisans. Quand on le tenait, on le gardait le plus longtemps qu’on pouvait, quelquefois des semaines entières, et ce n’était jamais qu’avec regret qu’on le voyait partir, pour aller faire le charme d’un autre foyer, où il était attendu avec impatience. Pour moi, personnellement, je lui dois bon nombre de contes merveilleux et de gwerziou anciens, et je regrette vivement de ne l’avoir pas mis à contribution plus largement encore, car ses récits et ses chansons étaient généralement moins altérés, moins mélangés et avaient un parfum d’antiquité plus prononcé que ceux des nombreux conteurs ou chanteurs que j’ai consultés, un peu partout, depuis sa mort, qui remonte à une trentaine d’années. Longtemps, il occupa, pendant l’hiver, l’escabeau du conteur, au foyer hospitalier de Kerarborn.

Cette veillée commença par un conte, et aussitôt le repas du soir terminé, la vie du saint du jour lue et les prières dites en commun, à haute voix, Garandel entama son récit, au milieu d’un silence religieux.