Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/45

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Le vieux Ar Floc’h et Poazévara secouèrent la tête, en silence, et semblèrent protester contre ces paroles.

— Dans mon conte, il y a, reprit Ar Meur, plus d’épreuves et d’aventures merveilleuses que dans celui de Gorvel. Le héros part aussi du château du magicien en enlevant la fille de celui-ci. Ils emmènent avec eux les deux meilleurs chevaux de l’écurie. La jeune fille a lu les livres de magie de son père, et en sait aussi long que lui. Aussi, quand le vieux magicien se met à leur poursuite, monté sur son dromadaire, se métamorphose-t-elle, avec son compagnon et les deux chevaux, sous différentes formes, de sorte que le vieillard, n’y comprenant rien, est obligé d’abandonner la poursuite.

— Conte-nous ton conte, Ar Meur, dit Jolory, et nous verrons lequel des deux est le plus beau, de celui de Gorvel ou du tien.

— Je le veux bien, dit Ar Meur, mais il est assez long, et il me faudra près de deux heures pour le bien conter.

— Ce sera, alors, Ar Meur, pour une autre fois, dit Katel, car voilà qu’il va être neuf heures.

— Que Marianna nous chante un beau gwerz, pour terminer la veillée, dit Francès.

— Oui, Marianna, vous qui avez une si belle voix, chantez-nous quelque chose, dit Jolory.

— Que vous chanterai-je bien ? demanda Marianna, assise à son rouet, au bas de l’appartement.