Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/95

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— Oui, oui, je comprends ; toujours la même histoire : de sorte que c’est mon imagination qui a tout fait, que le sens de l’ouïe était troublé, ou à lui seul valait tous les autres, etc. Mais, que direz-vous si, plusieurs personnes étant ensemble, elles voient et entendent les mêmes choses extraordinaires ? Direz-vous que toutes, au même moment, ont les mêmes sens troublés ou surexcités, de manière à avoir les mêmes perceptions et à recevoir les mêmes impressions surnaturelles ? Tenez, s’il n’était pas si tard, je vous conterais quelque chose, une aventure qui m’est encore personnelle, et où j’ai vu et entendu, et qui vous paraîtrait peut-être plus concluante…

V

— Ce sera pour une autre fois, Pipi, dit Katel ; assez de revenants comme cela, pour ce soir ; il va être temps de finir la veillée ; les enfants sont tout tremblants et osent à peine regarder vers le fond de la cuisine, où il fait noir, et plus d’un et plus d’une, qui ne sont pas des enfants, ne se couchera pas, sans avoir regardé sous son lit, et fera, cette nuit, de singuliers rêves… Voyons, Marc’harit et Marianna, chantez-nous quelque beau gwerz ou sône, pour chasser de nos têtes ces images lugubres et ces terreurs mystérieuses, afin que nous puissions nous endormir sur des idées plus riantes…