Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/116

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[38] Ne leur permettez pas, Athéniens, de suivre l’usage ordinaire ; ne souffrez pas que, sans répondre aux griefs, ils tentent de vous séduire, en se donnant à eux-mêmes des éloges étrangers à la cause. Ils viendront peut-être vous dire qu’ils sont d’excellents guerriers, qu’étant commandants de vaisseaux ils en ont pris plusieurs aux ennemis, qu’ils ont amené à votre parti des villes qui vous étaient contraires. [39] Mais ont-ils détruit autant d’ennemis que de citoyens [1] ? ont-ils pris à l’ennemi autant de vaisseaux qu’ils lui en ont livré ? une seule des villes amenées à votre parti valait-elle la vôtre, qu’ils ont réduite en servitude ? c’est-là ce que vous devez leur ordonner de prouver. [40] Ont-ils donc enlevé aux ennemis autant d’armes [2] qu’ils vous en ont ôté à vous-mêmes ? les murs qu’ils ont forcés valent-ils ceux de leur patrie qu’ils ont abattus ? Je dis plus, ils ont renversé les sorts de l’Attique, et ont montré par là que c’était moins pour obéir aux ordres de Lacédémone qu’ils ont ruiné le Pirée, que pour affermir

  1. Que de citoyens. L’histoire dit que les trente tyrans firent périr, sans les juger, plus de quinze cents citoyens. — Ont-ils pris à l’ennemi autant de vaisseaux qu’ils lui en ont livré ? Les Lacédémoniens exigèrent que tous les vaisseaux d’Athènes, à la réserve de douze, leur fussent remis, et que ses murs fussent abattus.
  2. Les Trente ôtèrent les armes à tous les citoyens, et ne les laissèrent qu’à ceux qui étaient armés pour leur défense.