Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais lorsque Phidon qui avait été un des Trente, Hippoclès, Epicharès, et d’autres qui passaient pour avoir été les plus contraires à Chariclès et à Critias [1], se virent de nouveau établis les maîtres, plus ennemis alors des citoyens du Pirée que de ceux de la ville, [56] ils firent voir clairement que ce n’était ni pour les citoyens du Pirée, ni pour les victimes de l’injustice, qu’ils étaient divisés entre eux ; et que le but de toutes leurs démarches était moins l’intérêt qu’ils prenaient aux infortunés qu’on avait fait ou qu’on devait faire mourir, que l’envie qu’ils portaient aux plus puissants et aux plus riches. [57] Maîtres dans Athènes, et saisis de l’autorité, ils persécutaient également et les Trente qui vous avaient accablés de maux, et vous qui les aviez soufferts. Cependant, c’était une chose évidente et généralement reconnue, que si les Trente étaient justement exilés, vous l’aviez été injustement, que l’injustice de votre exil rendait légitime celui de ces tyrans, qui n’avaient été bannis que pour avoir opprimé les citoyens. [58] Aussi doit-on s’indigner contre Phidon, parce qu’étant choisi pour vous réconcilier et pour vous ramener dans votre patrie, il a tenu la même conduite qu’Eratosthène, parce que agissant

  1. Chariclès et Critias, deux des trente tyrans, les plus injustes et les plus cruels de tous.