Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/136

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à leurs femmes, à leurs enfants, ils les forçaient de s’ôter la vie de leurs propres mains, ils allaient jusqu’à empêcher qu’on ne leur donnât la sépulture, bravant les dieux, et s’imaginant que leur puissance était à l’abri de la vengeance céleste. [97] Ceux d’entre vous qui échappaient à la mort, ne rencontrant partout que des dangers, errant de villes en villes, chassés de tous les pays, réduits à la plus extrême indigence, contraints de laisser leurs enfants dans une terre étrangère ou dans une patrie ennemie, après mille infortunes, malgré mille obstacles, se sont enfin saisis du Pirée. Ce fut alors que vous signalâtes votre courage, et que, triomphant de tous les périls, vous mîtes vos compatriotes en liberté, ou les ramenâtes dans leur patrie. [98] Si une fortune jalouse vous eût fait échouer dans vos entreprises, vous vous seriez vus obligés de prendre la fuite de crainte de retomber encore dans les mêmes calamités. Par la violence des Trente, ni les temples ni les autels n’auraient pu vous servir de refuge dans la persécution ; ces temples et ces autels où vos persécuteurs trouvent aujourd’hui un asile. Quant à vos enfants, ceux qui étaient restés à Athènes auraient été outragés par les tyrans, ceux qui étaient en pays étranger, faute de secours, se seraient vus réduits à donner leur service pour un modique salaire.