Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/179

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t-il pas perverti le sens, puisqu’il a cru plus facile de se rendre en prison que de déposer une somme avec le même espoir d’échapper ? [23] Il y est resté plus d’un an, et c’est là qu’il a dénoncé ses parents et ses amis. On lui promettait l’impunité pourvu toutefois que sa déposition fût trouvée véridique. Mais que penser du jugement d’un homme qui se portait à cette démarche aussi absurde que déshonorante, de dénoncer ses amis sans être assuré de se sauver lui-même ? [24] Lors donc qu’il eut porté le coup mortel à ceux qu’il disait chérir davantage, on trouva sa déposition véridique, et il fut mis en liberté. Mais vous lui défendîtes de se montrer ni dans la place publique, ni dans les temples ; en sorte que s’il était insulté par ses ennemis, il n’était pas en droit de poursuivre lui-même l’insulte. [25] Depuis que les Athéniens sont célèbres, jamais homme ne fut diffamé pour une telle cause, ni avec tant de justice, parce que jamais homme ne s’était livré à de pareils excès. Est-ce donc au hasard et non pas aux dieux, qu’il faut attribuer ces événements ?

[26] Ensuite, il se rendit par mer chez le roi des Citiens[1], qui, l’ayant surpris dans une trahison, le fit enfermer. Ce n’était pas simplement la mort qu’il appréhendait, il tremblait

  1. Citium, selon Suidas et Diodore de Sicile, était une ville de Chypre. Mais je n’ai vu nulle part quel était le nom de ce roi des Citiens. J’ai vu seulement qu’il y avait plusieurs rois dans l’île de Chypre.