Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/186

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criminelles qu’on leur impute, se rendent du moins cette justice, qu’ils ne doivent pas fatiguer par leur présence ceux qu’ils ont offensés par leur conduite. Ils croient qu’en s’éloignant ils paieront dans l’esprit des étrangers pour s’être garantis de la peine, et avoir conservé tous leurs droits ; mais qu’en restant parmi leurs concitoyens ils seront regardés comme des scélérats et des pervers. [45] Aussi Batrachus[1], le plus méchant des hommes, si l’on en excepte Andocide, Batrachus qui sut dénonciateur sous les Trente, quoique compris dans les traités et dans les serments comme tous les citoyens d’Éleusis[2], se retira-t-il de lui-même dans un autre pays, par égard pour ses compatriotes qu’il avoit offensés. Et Andocide qui a offensé les dieux mêmes, a moins respecté les dieux que Batrachus ne respectait les hommes, puisqu’il a eu le front de reparaître dans leurs temples. Devez-vous donc, Athéniens, ménager quelqu’un qui est plus méchant et moins sensé qu’un Batrachus ; et n’est-ce point assez qu’on lui ait laissé la vie ?

[46] Mais enfin, par quelle considération voudriez-vous absoudre Andocide ? Serait-ce

  1. Batrachus n’est connu que par les discours de Lysias.
  2. Comme tous les citoyens d’Éleusis. Les Trente ayant essuyé une désastre considérable, s’étaient retirés avec un grand nombre de citoyens à Éleusis ville de l’Attique.