Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/411

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durs & superbes l’ont plongé dans des maux affreux, est-ce une raison pour décrier & persécuter des citoyens innocents ? La république a assez d’ennemis, pour lesquels, sans doute, il est utile que chez vous les gens de bien soient en butte à la calomnie.

Je vais essayer de vous apprendre quels sont les citoyens qui doivent naturellement desirer l’oligarchie ou la démocratie : car par-là je vous instruirai en me justifiant moi-même ; & vous verrez que, d’après ma conduite dans l’un et l’autre gouvernement, je ne dois pas être mal intentionné pour le peuple.

Avant tout, posons pour principe, que nul homme par caractere n’est partisan de l’état oligarchique ou démocratique : chacun desire de changer de gouvernement suivant son intérêt ; de sorte qu’il dépend de vous en grande partie qu’il y ait beaucoup d’hommes zélés pour la constitution actuelle. Les événemens passés doivent vous convaincre de ce que je dis. Voyez combien les chefs des deux gouvernemens ont changé de fois. N’est-ce pas après avoir commis envers vous nombre d’excès dont ils craignoient la punition, que Phrynique, Pisandre[1], et les autres qui gouvernoient

  1. Thucydide, dans le huitieme livre de son histoire, confirme ce qui est dit ici de Phrynique et de Pisandre, deux des principaux auteurs de la domination des Quatre-cents.