Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/416

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Voici une remarque qui mérite aussi quelque attention. Vous savez tous que dans la premiere démocratie, la plupart des chefs de notre ville pilloient ses revenus ; vous en avez vu plusieurs qui trafiquoient de vos privileges, & d’autres qui par leurs calomnies vous faisoient abandonner de vos alliés. Si les Trente n’eussent exercé leur sévérité que contre de tels hommes, vous les reconnoîtriez vous-mêmes pour de bons citoyens ; mais, comme ils sembloient vouloir rendre le peuple responsable des excès qui lui étoient étrangers, une telle injustice vous révoltoit, vous étiez indignés qu’on imputât à toute la ville des crimes qui n’appartenoient qu’à un petit nombre. Craignez donc de tomber dans les mêmes excès que vous blâmez dans vos tyrans, & ne vous imaginez pas que les mêmes traitemens que vous regardiez comme injustes par rapport à vous, puisent être justes par rapport à d’autres. Prenez pour les autres, après votre retour, les sentiments que vous aviez pour vous-mêmes dans votre exil. Par-là, vous étendrez l’union mutuelle, la ville deviendra puissante, & la sagesse de vos démarches causera à vos ennemis de mortels déplaisirs.

Rappellez-vous encore ce qui se passa sous les Trente, & que les fautes de vos tyrans vous rendent plus sages pour la suite. Lorsque vous appreniez